Cadix berceau des légendes, ferveur gaditane v2.©las guiritanas.com

Cadix, berceau des légendes. Et des tirs au but ?

Cadix est la plus vieille ville d'Europe. Il n'en faut pas plus pour en faire le point zéro de tous faits vrais ou toutes légendes.

Rencontrer les gaditans, écouter les guides, c’est faire ce constat : les habitants de Cadix raffolent des légendes : leur sucre glace. D’abord sur les gâteaux, ils le soupoudrent ensuite sur presque tous leurs récits. Un goût et une âme d’enfant là, en eux et bien visible.

« Cádiz oculto*« , tome 1, tome 2, 3 sont les best-seller des libraires gaditans.

On y trouve toutes les histoires de Cadix. Elles vous empêchent de dormir ou sont à dormir debout, selon.
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Cadix, berceau des tirs au but. Mythe ou réalité ?

Qui aurait cru que l’Espagne et plus précisément Cadix, en soit à l’origine ? Cette règle que nous connaissons toutes et tous, ponctue bien des souffrances face à des matchs nuls (mettez-y le sens que vous voulez).  Les tirs au but ou penalty voient le jour lors d’une finale du Trophée Carranza en 1962.

Trophée Carranza, mais encore ?

Cette compétition est créée en août 1955 pour renflouer les caisses du club plongé dans le marasme suite à la construction du stade éponyme. Un tournoi entre les meilleurs clubs espagnols et étrangers. Un prétexte pour réunir sur la plage Victoria face au stade, les familles et les amis autour de tombolas et jeux. Puis, très vite, le Trophée devient l’incontournable rendez-vous festif du mois d’août sur toutes les plages. Que l’on aime ou pas le foot.
Les débordements ne sont pas que de joie ; on retrouve sur le sable : les salons, les tables, les chaises, le canapé. Et…le barbecue! Pendant deux jours, c’est acté, Cadix se parfumera au charbon de bois, aux sardines et saucisses « criollo ». Depuis peu, le barbecue est interdit mais la fête continue.

Revenons à la finale du Trophée en 1962, Real Saragosse contre le FC Barcelone.
Le match s’apprête à être  interminable pour départager les deux équipes. Deux prolongations, quelques buts marqués mais le score reste équilibré. Un dirigeant audacieux, Rafael Ballester Sierra a alors l’idée géniale de remplacer les prolongations par une séance de tirs au but.

Après 16 tirs, le FC Barcelone remporte la victoire, devenant ainsi le premier club espagnol à remporter un titre de cette manière, bien qu’il s’agisse d’un match amical. 

Cette innovation espagnole fait rapidement le tour du monde et séduit la FIFA et l’UEFA. Quelques années plus tard, les tirs au but deviennent la règle officielle pour départager les équipes en cas d’égalité lors des grandes compétitions.

La prochaine fois que vous regardez une séance de tirs au but, pensez à Cadix.

Alors, l’ histoire vous a plu ? Elle est pittoresque, non ?
Dans le stade Ramón de Carranza à Cadix ©Joselulobato13
Dans le stade Ramón de Carranza à Cadix ©Joselulobato13

Et pourtant, tirs au but : un mythe dégonflé!

Dans le magazine référent « Cuadernos de futbol »  édité par le  CIHEFE (Centro de Investigaciones de Historia y Estadística del Fútbol Español)   Luis Javier Bravo Mayor historien du football madrilène, révèle une toute autre histoire. Son article date du 5 mars 2017

Une étude réalisée pour le CIHF argentin (Centre d’Investigation de l’Histoire du Football) par Jorge Gallego, membre du centre et collaborateur régulier de « Cuadernos de futbol«   de CIHEFE, réfute la théorie selon laquelle les tirs au but ont été inventés à Cadix.
Le lien vers cette étude se trouve ici : « Antécédents lointains de la définition par les tirs au but »

1955, sept ans avant le Trophée Carranza à la Corogne, lors d’un match  entre le Deportivo et le Vasco de Gama 

À cette occasion, les premières traces de cette future célèbre séance de tirs sont retrouvées, si l’on cherche bien : des airs de trouvaille archéologique comme Cadix les aiment. Les règles du match prévoient déjà, en cas d’égalité, de départager les équipes aux tirs au but.

Le 26 mai 1955, à la page 5 du journal sportif madrilène « Marca », les conditions de résolution en cas d’égalité sont précisées :
« … si à l’issue du temps réglementaire aucun vainqueur ne s’était dégagé, une prolongation de 30 minutes serait jouée. Si l’égalité persistait, le trophée serait attribué à l’équipe qui marquerait le plus de buts aux tirs au but. »

Voilà, balayée la légende de Cadix, comme par un coup de Levante!  

Alors, la prochaine fois que vous assisterez à une séance de tirs au but, souvenez-vous :

C’est à la Corogne que tout a commencé, pas à Cadix. Mais  les mythes ont la vie dure 

Aujourd’hui, il en reste encore pour contester sur les réseaux sociaux. Les disputes sont souvent drôles entre gaditans fair-plays et ceux qui ne veulent se résoudre à la « dure » vérité. Le verbe demeure enjoué. Dans l’esprit des chants du carnaval, l’esprit joueur de Cadix.

* « Cádiz oculto » de José Manuel Serrano Cueto en vente aussi à la librairie Quorum Libro, 27 Calle Ancha à Cadix.

 

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