Découvrir les tours de Cadix ©lasguiritanas.com

Découvrir les tours de Cadix

Les tours de Cadix ou Cadix d’en haut.
Quand je dis que nous vivons dans une tour, les visages se tordent en point d’interrogation.
En France, cela se traduit par :  « Une tour ? Comment ça une tour… HLM ? En Andalousie ? » 
À Cadix, c’est plutôt :  « Pourquoi vivre dans un vide-grenier ? »

C’est donc cela, les tours à Cadix ? 

Cadix d’en haut

Bien entendu, la réponse est tout autre. Pour qui découvre Cadix et son « casco antiguo », il y a Cadix d’en bas et l’opulence de ses édifices baroques ou néo-classiques, ses places aux arbres exotiques où la société cosmopolite faisait salon quand la ville était alors le port incontournable des échanges commerciaux entre l’Europe et les Amériques nouvelles. Et il y a le Cadix d’en haut.  Qu’il y a-t-il à voir d’en haut ? 

Il y a un peu plus de deux siècles…

En cette fin de XVIIIè siècle, Cadix est la place influente où se retrouvent les marchands espagnols, flamands, français, italiens, hollandais, anglais…Toutes les nationalités d’Europe exportent et importent les tissus, les pigments, les épices, l’or, le chocolat, le tabac… Tout transite par Cadix, le Guadalquivir et sa sédimentation ne permettant pas la navigation des lourds navires jusqu’au port fluviale de Séville.

Près de 100 000 habitants se mêlent alors dans le casco antiguo. Aujourd’hui ils ne sont plus que 30 000.

Comme au Monopoly, les marchands achètent les m2 de presbytères ou d’ immeubles décrépits pour y bâtir leurs empires. Toujours la même logique : le rez-de-chaussée pour le magasin, un étage pour les bureaux, un autre pour loger le marchand et sa famille, un dernier pour les domestiques ou pour le stockage de marchandises.
Parfois poussent sur les toits, des « áticos » en guise de grenier . Aujourd’hui l’« ático » s’est converti en appartement toit terrasse que l’on s’arrache.

Bien entendu, plus le marchand est opulent, plus l’immeuble est à l’avenant.
Commencent aussi à pousser des tours sur les toits des immeubles.

Pourquoi ces tours ?

La concurrence est rude dans le port de Cadix.
La marchandise n’est pas encore à terre que les marchands négocient déjà par la mer.
La tour comme un mirador pour observer les navires qui approchent. Plus la tour est haute, plus on a des chances d’être vu du commandant.
Alors les marchands construisent près du port. Très vite, 160 tours s’érigent. Trop vite : la mairie légifère. Désormais, pour ne pas déstabiliser les fondations des immeubles, une seule tour par immeuble est autorisée.
Il en reste entre 126 à 133 aujourd’hui. Ne nous disputons pas le chiffre.

Elles ont quatre formes différentes

La « torre garita »

Ou la tour « guérite » qui comme son nom l’indique, loge sur son toit terrasse une guérite ou un abri avec des aspérités : des petits trous pour l’oeil du guetteur qui émet des signaux vers les navires en approche, par des jeux de miroirs pour négocier sans être vu des concurrents et préempter les meilleures marchandises.

Deux tours guérite côte à côte Cadix Cadix ©lasguiritanas.com
Deux tours "guérite" côte à côte face à la mer ©lasguiritanas

La « torre sillon »

Ou la tour « fauteuil ». C’est vrai qu’elle ressemble à un fauteuil. Souvent à quatre étages avec le troisième qui accueille un grand balcon pour faire salon entre amies, jouer au cerf-volant pendant qu’au dernier étage, du toit terrasse le marchand négocie à force fanions agités et jeux de fumées.

Tour "fauteuil" parfaitement restaurée près du marché couvert ©lasguiritanas
Tour "fauteuil" parfaitement restaurée près du marché couvert ©lasguiritanas

La « torre mixta »

Le mixte des deux précédentes. Il n’en reste plus qu’une aujourd’hui. Elle se trouve « calle Jose del toro » et nous avons eu la chance d’y vivre le temps d’un week-end. Son propriétaire en prend grand soin. Il la tient de son grand-père dont une photo en noir et blanc, centrée  dans un cadre du petit salon, telle une marquise, montre l’aïeul au début du 20è. Il porte beau dans son costume et chapeau de canotier et pointe fier Cadix, depuis le premier balcon. 

Tour mixte calle José del toro, dans le casco antiguo
Tour mixte "calle José del toro", dans le casco antiguo ©lasguiritanas

La « torre terraza »

Ou la tour « terrasse » de forme rectangulaire, érigée vers le ciel.
Comme la torre Tavira, la tour la plus haute de la ville, 45m au-dessus de la mer. Elle est ouverte au public et se visite toutes les heures de 11h à 19h (seulement de mai à septembre pour ce dernier créneau).

La visite en français est à 15h. ➽ CLIQUEZ pour réserver 

La torre Tavira et ses visiteurs de l'après-midi ©lasguiritanas

La vue de Cadix d’en haut dévoile « une ville aux airs de bled », comme le dit Eli, la deuxième guiritana. Oui, les arabes sont bien passés par là. La ville se découvre blanche avec ses toits terrasses accaparés par les cordes à linge. La terrasse est collective à Cadix, rares sont les gaditans qui s’y aventurent.
Imaginez la même chose en France : les bars éphémères, les potagers, les tables à partager entre voisins seraient légion.
Seulement voilà, les gaditans aiment leur confort. Ils préfèrent les places ou la plage pour se retrouver. Plus commode. Pas d’escaliers à grimper. Juste son fauteuil pris sous le bras à déplier pour entamer une partie de dominos, la table légère plantée dans le sable. Les parents et enfants viennent après le travail et l’école renforcer les rangs, pour un bain de mer du soir avant les vacances d’été.

Enfin les tours inclassables

La tour des guiritanas

Celle dont nous sommes locataires, celle que nous avons vue à peine installées dans un « ático » qui lui fait face. La tour qui nous a donné envie de vivre à Cadix.
Une tour construite par un basque Francisco Antonio del Arco y Hondiz en 1745 qui avait fait fortune dans le commerce de tabac. Notre basque était influent.
Sa tour ne ressemble à nulle autre, elle a pu déroger aux quatre formes imposées. C’est une tour « sillon » qui de face, n’est pas totalement rectangulaire. (cf photo d’ouverture d’article). Surtout, son toit terrasse est en partie chapoté offrant une pièce à vivre (le salon) protégé et une terrasse ouverte.
Un toit aux « azulejos azules » (carreaux bleus) pour être la tête dans le ciel, les yeux plongés dans la mer quelle que soit la saison : par jours de grand vent, de mauvais temps, de froid (relatif) d’hiver.
La tour la plus haute de Cadix après la torre Tavira.
DÉCOUVREZ la drôle d’histoire de l’édifice sur lequel est campée  la tour ➽ ici.

Tour calle san miguel Cadix ©lasguiritanas
Tour où vivent las guiritanas, vue de dos ©lasguiritanas

La « Bella Escondida »

La seule tour octogonale de la ville. « Bella Escondida » pour « Belle cachée » car on ne la voit pas de la rue. Il faut monter sur les toits pour la voir. Elle fait face à la torre « mixta », elle aussi « calle José del toro ».
C’est une tour privée. Las guiritanas ont eu la chance de la visiter. Avis aux amateurs, elle est à vendre.
DÉCOUVREZ-LA via ce lien,  ainsi que la légende qui l’accompagne.

La "Bella Escondida" ou la Belle cachée ©lasguiritanas
La "Bella Escondida" ou la Belle cachée ©lasguiritanas

La « Casa de las cuatro torres »

Ou la « maison des quatre tours ». Un riche commerçant syrien Juan Fragela l’a construite entre 1736 et 1745. C’est le seul édifice qui compte quatre tours sur son toit.
Comment est-ce possible ? Rappelez-vous, l’édile n’autorise plus qu’une tour par immeuble.
Une tour ne suffit pas à notre marchand. Qu’à cela ne tienne. Il crée quatre entrées pour son immeuble ; quatre adresses différentes et donc une tour par adresse. Rusé.

Longtemps à l’abandon, la « Casa de las cuatro torres » s’est convertie depuis 2015 en un hôtel boutique de peu de chambres, chacune unique, restaurée dans la pure tradition gaditane. Un usage que Juan Fragela avait aussi envisagé puisque sa demeure laissait à la disposition des négociants de passage en attente de leurs marchandises, quelques chambres.
Si vous êtes vous aussi de passage à Cadix ➽ RÉSERVEZ via ce lien, une chambre avec vue pour prendre votre petit déjeuner sur le toit de la ville.

Deux des quatre tours de la "Casa de las cuatro torres" ©lasguiritanas
Deux des quatre tours de la "Casa de las cuatro torres" ©lasguiritanas

Il y a encore quelques inclassables échappées à notre œil.
Vivre dans l’une de ces tours nous donne tout le temps encore, pour les trouver et vous les présenter.

Alors les tours ? Les envisagez-vous autrement maintenant ? Envie de les voir « en vrai » ?

🍀 Visitez Cadix comme si vous y viviez avec las guiritanas. RÉSERVEZ ➽ ICI

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