Plaza de Mina couleur bleu Cadix ©lasguiritanas.com

Plaza de Mina à Cadix, que voir ?

Que voir ? Non, quel tempo choisir plutôt ?

Le Casco Antiguo de Cadix peut se parcourir de places en places. Et l’une des plus agréables est la Plaza de Mina.

Cadix florissante jusqu’au milieu du 19ème, est le point névralgique des échanges commerciaux entre l’Europe et les Amériques où toute la bonne société européenne se retrouve.
On le sent encore Plaza de Mina.
À la même période, le couvent San Francisco cède à la mairie de Cadix les terrains qu’occupaient son potager et son infirmerie pour en faire le lieu de vie des gaditans. Se dessine alors une place rectangulaire avec un kiosque à musique d’où partent quatre courtes travées.

L’ancien kiosque originel dont on n’a conservé que le socle avec un grand lampadaire en fer forgé planté, est devenu l’astre autour duquel sont agencés arbres et parterres exotiques.

 

La Plaza de Mina expose ses richesses et impose sa singularité.

Trésors venus du Nouveau Monde et de plus loin encore, comme ses ficus « macrophylla » d’Australie à grandes feuilles et dont certaines veines de tronc depuis le sol, ressemblent à des grosses pattes de chien.
Jacarandas « mimosifolia » ou « flambloyants bleus » venus du Brésil pour colorer de bleu lavande, le rouge des parasols des cafés.
Des palmiers au tronc costaud des Antilles, des longilignes australiens…des oiseaux de paradis. Des perroquets en haut, des pigeons en bas : un trouble pour les yeux.

À chaque point cardinal soit un café, un kiosque à jeux de hasard, un départ pour une rue vers la mer, l’entrée du Musée de Cadix ou un autre café. Entre, des bancs larges aux « azuleros » (carreaux) bleus et blancs pour s’asseoir à trois, quatre.
Et pour ceindre la place, des immeubles baroques : anciens lieux de vie des riches marchands ou lieu de naissance d’hommes illustres comme Manuel de Falla, compositeur que tout le monde connait sans le savoir, parfois :

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Plaza de Mina, vue d'un immeuble derrière les Jacarandas
Plaza de Mina, vue d'un immeuble derrière les Jacarandas ©lasguiritanas.com

À chaque moment clé de la journée, une ambiance

Le matin

C’est l’heure pour les couples de chiens et maîtres qui se tiennent à bonne distance. Non par crainte les uns des autres mais pour ressentir l’illusion d’être seuls, la place encore calme. Ici à Cadix, on ne sort pas les chiens, « pasear el perro » en espagnol. Le chien n’aboie pas, il flâne. Prendre le temps.

Des sons : ceux des perroquets qui jasent et ceux qui s’échappent des fenêtres ouvertes pour capturer l’air frais. Des notes souvent technos au-dessus de la boutique de la marchande de glace. Chez elle, sans doute. Et le bruit de quelques camionnettes aux livreurs encore muets. Voilà tout.

La Plaza de Mina, terrain de jeu idéal pour Fitz, notre fox-terrier.
Fitz, l’hédoniste. Fitz qui hume, sent. Il part toujours du sol pour remonter jusqu’où l’inclinaison de son cou lui permet. Il se gave, se rassasie jusqu’au fond des naseaux des odeurs des troncs et de chaque fleur qui dépasse. C’est méthodique, métronomique. Tempo martelé parfois par la canne du vieux qui passe toujours à la même heure, s’assoit, regarde les pigeons et repart.
Quelques écoliers traversent, les mamans porteuses de cartable à leur côté. Les pas sont pressés, la place toujours pas. Elle se réveille.

Plaza de Mina, que voir sous le
Plaza de Mina couleur rouge ©lasguiritanas.com

Quatorze heures, les terrasses se remplissent.

Les tasses à café et coupelles de « pan con tomate » cèdent la place aux « platitos » du déjeuner. On entre et sort des boutiques alentours. On passe à droite, à gauche du rond central, l’aire de jeu des oiseaux à cette heure. On remonte, on descend les allers. L’heure de rentrer chez soi.

Les stores des boutiques crissent et les portes claquent. La place accueille les touristes sur les bancs, perdus avec leur plan de ville.
La Plaza de Mina plonge dans la sieste, veillée par les amoureux des déjeuners. Ils s’éternisent jusqu’à 16h.

Plaza de Mina. Profiter des terrasses sous le ficus©lasguiritanas.com
Plaza de Mina, profiter des terrasses sous le ficus ©lasguiritanas.com

Milieu d’après-midi, sortie d’écoles.

La sieste est finie, hausse du volume sonore.
C’est une armée de cris joyeux, de rires, de bruits de ballons, de rollers, de trottinettes qui s’ « ordonne » maintenant. Les parents, les parents des parents, les frères, les sœurs des parents, les amis des parents prennent places. Sur les bancs, aux terrasses.
Les appartements sont vidés de leurs occupants.
Les enfants jaillissent. Sur les parterres, derrière les arbres, Debout sur les promontoires, de l’épicerie à bonbons, de partout.
Vivre dehors, sentir l’air, le fendre, exprimer. La richesse des pays du sud.

On se groupe comme au temps des tactiques d’infanterie romaine, on fait front, on partage : on sort les goûters d’une main, on gare la poussette du petit frère ou de la petite sœur de l’autre. Les parents deviennent les parents de tous les enfants de la place.
Les enfants sont tous à cette heure, frères et sœurs.
Aucun n’est laissé pour compte.
Un enfant jouer seul ? Cela n’existe pas.
Un parent seul ? Cela n’existe pas.
Un enfant pleure ? C’est tout une place qui le console.

20h, ils sont encore là. Dans une heure, ils seront partis.

Et tous les jours, ça recommence.

Parfois plus tard, les jours s’étirant.
Et très tard chaque vendredi et samedi.

Les visiteurs d’un jour m’en parlent à chaque fois.
Ils sont surpris par cette ambiance, sans méfiance, sans envie, sans peur ni jalousie.
Ils ont oublié le sens des places.
Les places ne sont donc pas que des lieux de vindicte et de rassemblement de colère ?

La Plaza de Mina, ou voir la joie d’être et de vivre ensemble, tout simplement.

Pas de discours, pas de programme. C’est.

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