Semaine sainte à Cadix, Madruga

Lune et Semaine sainte

La Semaine sainte est l’une des fêtes les plus attendues du calendrier espagnol. Les chrétiens commémorent la Passion du Christ, depuis son entrée triomphale dans Jérusalem, le dimanche des Rameaux, jusqu’au dimanche de Pâques, jour de sa Résurrection. Un dimanche de Pâques dont la date varie.

Pas de Semaine sainte sans les processions organisées par les confréries religieuses (« cofradias ») des différentes paroisses : à Cadix, cette semaine-là, la ville processionne plusieurs fois par jour au son des fanfares, à travers le casco antiguo, selon des horaires et un itinéraire stricts (« carrera oficial »). Les chars (« pasos »), composés de vastes brancards (« las parihuelas ») décorés de fleurs et de cierges, soutiennent des statues et des images des saints, du Christ et de la Vierge Marie. Ces brancards sont portés par les « costaleros ». La taille entourée d’une large ceinture de cuir, les costaleros ont la tête recouverte d’un sac en de toile de jute ou d’étoupe (« costal »), pour éviter de se blesser. Derrière eux, se reconnaît le cortège des pénitents (les « nazarenos », appelés à Cadix les « papones ») à leurs tuniques et à leurs « capirotes ». Avec leurs fentes pour les yeux, ces longs capuchons en forme de cône leur donnent l’allure des condamnés promis par l’Inquisition à l’humiliation publique. Une humiliation qui rappelle celle du Christ, lors de la montée au Golgotha. Flottent dans l’air des odeurs d’encens et de pain perdu (« torrijas »), la ferveur andalouse et les terreurs de l’enfance.

Semaine sainte Cadix. Affiche officielle Cadix 2024 ©Chema Rodriguez
Affiche officielle de la Semaine sainte à Cadix (2024) ©Chema Rodríguez

À quelles dates se déroule la Semaine sainte ?

Tout dépend de la date de Pâques. Une date qui, à l’inverse de la date de la Toussaint ou de Noël, n’est pas une date fixe du calendrier. L’année dernière, nous avons célébré Pâques le 9 avril. Cette année, ce sera le 31 mars.

Pourquoi ces dates flexibles ?

La date de la Toussaint ou de Noël est décidée par rapport au calendrier solaire. Tandis que celle de Pâques est fixée selon le calendrier lunaire, remanié par le calendrier liturgique.

→ Le dimanche, la partie fixe de ce panneau mobile : Si Noël se fête n’importe quel jour de la semaine, Pâques se célèbre toujours un dimanche, par respect pour la tradition, selon laquelle la résurrection du Christ a eu lieu trois jours après son dernier repas, un jeudi.
→ Mais quel dimanche ? Depuis le Concile de Nicée – aujourd’hui Iznik en Turquie – qui a réuni en 325 tous les évêques de l’Empire romain, Pâques se célèbre le premier dimanche suivant la lune pascale. Une Lune fictive qui sert de référent au comput ecclésiastique, le calendrier liturgique chrétien.
Cette Lune pascale, appelée aussi Lune ecclésiastique, correspond à la première pleine lune suivant l’équinoxe vernal, l’équinoxe de printemps.

Ainsi, selon la date des lunaisons, on célèbrera le dimanche de Pâques au plus tôt le 22 mars et au plus tard le 25 avril.

Cette année :

L’équinoxe vernal : 20 mars
La pleine lune suivante : 25 mars
Le 1er dimanche suivant la pleine lune : 31 mars

L’année prochaine (2025)

L’équinoxe vernal : 20 mars
La pleine lune suivante : 13 avril (un dimanche)
Le 1er dimanche suivant la pleine lune : 20 avril

Bonus Track : La Lune et le Ramadan

À la différence des Églises chrétiennes, la religion musulmane se base sur les observations de la Lune réelle pour déterminer le début du mois de Ramadan.
La nouvelle lune qui suit le mois de Chaabân, le huitième mois du calendrier hégirien – comptant 354 ou 355 jours – marque le début de Ramadan.
Lors de la Nuit du doute, nuit dernière d’un mois lunaire, on observe alors le ciel pour apercevoir le fin croissant de Lune (« hilāl ») suivant la nouvelle lune.

On retrouve cette scène restituée par Nicolas de Staël qui, après être passé par Cadix, écrit dans son Cahier du Maroc (1936-1937) :

Cahier du Maroc Nicolas de Stael. Texte publié par les éditions KHBAR BLADNA fondée en 2002 par Elena Prentice et Gustave de Staël

« Tout le monde est debout sur la pointe des pieds pour voir le croissant qui monte. Toutes les forces de la terre sont debout – toutes les forces du ciel et le faible croissant monte à peine visible. Masque rappelant l’Égypte, masques beautés de Tatar modelés par mille courants tous différents regardent le croissant qui monte et gueulent. Les gars ont grimpé aux faites des minarets, d’autres parcourent endiablés les ruelles et jouent parfois des neffars. »

(Texte publié par les éditions KHBAR BLADNA fondée en 2002 par Elena Prentice et Gustave de Staël).

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